Les bijoux et le ‘’travaillement’’, symboles de la création artistique

par | Jan 21, 2020 | chronique du week end | 0 commentaires

Aïcha Koné, Mawa Traoré, Kandet Kantet, Affou Kéïta… sont  quelques-unes des portevoix de la musique mandingue au talent confirmé au-delà des frontières Ivoiriennes. Chacune de leurs sorties  avec leurs apparats de bijoux en or massif et or plaqué, Bazin richement brodés, belles toilettes, etc.,  soulèvent des foules, comme quoi la musique mandingue avec ses instruments acoustiques comme la kora, le djembé, le balafon, etc.,  à de beaux jours devant elle. Généralement faits en langue du pays mandingue (bambara, soussou, wolof, peulh, songhaï, etc.), les textes constituent le fondement de cette musique.

A juste titre malgré le modernisme, l’excellente utilisation aujourd’hui des instruments de musique d’autrefois, force l’admiration et attire les mélomanes de tous les horizons. On peut citer quelques-uns de ces instruments : la cora de 21 cordes, celle de 4 à 8 cordes, le n’goni de 4 cordes, le mandékan, le bolon (l’instrument à cordes que joue Oumou Sangaré), le violon traditionnel, etc. L’ensemble de tous ces instruments sert des mélodies, une musique de toute beauté. Charmés, les Européens tentent, depuis quelques années, de créer les sons de ces instruments traditionnels dans les laboratoires, même si ce n’est jamais comparable à l’original. Aujourd’hui, Européens et américains fondent d’admiration pour la musique mandingue et les sonorités originales de ses instruments.

Si plusieurs de ses grands musiciens sont à l’origine, des griots perpétuant la tradition de leurs ancêtres, chanteurs de génération en génération des généalogies et des louanges des cours royales et des familles nobles, le milieu s’est ouvert au grand public qui s’essaie au genre musical. Toute chose qui ne va pas sans incidence sur cette création artistique qui se caractérise également par l’énergie et la fougue des artistes, la beauté des mélodies et la diversité des instruments.

Bijoux et ‘’travaillement’’

« Les spectacles des artistes mandingues notamment féminins  ne manquent pas d’attirer et se caractérisent de nos jours cependant par des dérives qui mettent en exergue la pauvreté de certaines créations artistiques. Les artistes ne reprennent que les chansons de leurs collègues. Au lieu de chanter ce sont des atalaku. Pour qu’on fasse le ‘’travaillement’’ (distribuer les billets de banque) », relève  Mamadou Dosso, enseignant. Qui dit regretter le temps de Mamadou Doumbia, qui jusqu’à sa disparition, était l’une des figures de proue de la musique mandingue moderne en Côte d’Ivoire. « Je ne dénie pas le talent de Aïcha Koné, Mawa Traoré, Affou Kéïta, etc, mais j’invite leurs sœurs et frères cadets à être de véritables artistes, ou griots dépositaires de chants déclamatoires, de la tradition  orale, poétique et musicale », indique notre interlocuteur. Lors des spectacles de la quasi-totalité des artistes mandingues notamment féminins, ce qui frappe c’est leurs apparats et maquillages souvent ostentatoires.

Mieux, les tours de champs sont ponctués de distributions de billets de banque chaque fois que l’artiste fait les louanges (atalaku) d’une personne présente dans la foule. La procédure est la même. Dès  que l’artiste débute le louange de quelqu’un, il se lève et la couvre de billet souvent dans une ambiance surréaliste. Une accompagnatrice se fait fort de ramasser les billets derrière l’artiste. « J’ai assisté à une cérémonie à Abobo où la griotte a dit qu’elle n’est pas là pour les billets de moins de 2000 FCFA pour les ‘’fassa’’ (Atalaku dans le jargon mandingue). J’ai vu des femmes faire une liste et remettre leurs noms à la griotte pour qu’elle chante leur louange sous une pluie de billets de banque », raconte Arouna Bamba. Qui se dit étonné chaque fois de la facilité de certaines personnes à couvrir de billets les artistes bardés d’or à l’évocation de leur nom. « Avant de monter sur scène, les griottes  se préparent. S’informent sur les personnes présentes et leur capacité financière », confie Mme Sidibé qui a dû débourser 200 000 FCFA pour que la griotte se déplace le mois dernier au mariage de sa fille. En effet, pour déplacer les griottes confirmées, il faut débourser des centaines de mille FCFA.

Lors  cérémonies, rites, mariages ou baptêmes la musique mandingue  est très prisée par les communautés du Nord. Et chaque fois  on assiste à est un vrai spectacle à part entière rythmé et plein d’entrain. Des artistes allient acrobaties, flutistes et batteurs de tamtam (djembefola). Le djembé est sans doute l’instrument le plus connu en Europe parmi les instruments mandingues. Il existe notamment de nombreux cours qui y sont consacrés. « Nous sommes des artistes à part entière. Et ce que nous portons lors des cérémonies coûtent très  chers comme vous le constatez. Sans oublier les musiciens batteurs de Tam Tam qui nous accompagnent avec la Sono », nous a confié Oumou, cantatrice à Abobo. Selon elle, le ‘’travaillement’’ peut lui rapporter jusqu’à 300 000 FCFA en une soirée. Si bien qu’elle ne juge pas ‘’utile’’ pour l’instant de sortir une cassette. Elle ne se contente que d’interpréter les chansons de ses devancières auxquelles  elle ajoute quelques petites modifications au regard de l’assistance en face d’elle. Et le tour est joué. La musique mandingue a inspiré de nombreux artistes et groupes.

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